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Transition énergétique : Ottawa et Québec freinent l’élan mais l'espoir demeure

Le milieu de l'électrification des transports s'inquiète des récentes décisions des gouvernements de Mark Carney et François Legault, décisions qui selon l'industrie entraîneront un recul important des efforts pour réduire les émissions de GES. L'espoir est permis puisqu'une motion déposée à l’Assemblée nationale pour le retour du programme Écocamionnage a été adoptée à l’unanimité moins une voix.

Le récent budget d'Ottawa donne une large place au développement des énergies fossiles, tout en restant flou sur l'avenir des programmes d'incitatifs pour les véhicules zéro émission. Québec, de son côté, annonce le transfert de 1,8 milliard de dollars du Fonds vert au Fonds des générations, et le retour du programme Écocamionnage se fait toujours attendre.

Un virage qui inquiète toute l’industrie

Ces derniers mois, les acteurs de l’électrification du transport au Canada constatent un net ralentissement politique. Au fédéral, le gouvernement de Mark Carney présente un budget 2025 qui mise davantage sur les énergies fossiles et l’exploitation des minéraux
critiques que sur un soutien clair aux véhicules zéro émission. À Québec, l’administration Legault confirme le transfert de 1,8 milliard de dollars du Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) vers le Fonds des générations, créant une onde de choc dans tout l’écosystème du transport lourd électrique.

Ce montant, pourtant entièrement financé par le marché du carbone et destiné exclusivement à la lutte contre les changements climatiques, devait soutenir des programmes essentiels comme Écocamionnage, déjà suspendu depuis plus d’un an. Pour plusieurs organisations, il s’agit d’un recul stratégique majeur.

« Si des surplus du FECC sont transférés, ils doivent servir uniquement à la lutte aux changements climatiques incluant l’électrification des transports. Ce ne sont pas des dépenses qu’on cherche à protéger, mais des investissements qui transforment notre économie et créent de la valeur durable pour les générations futures », rappelle Alexis Laprés-Paradis, PDG par intérim de Propulsion Québec.

Daniel Breton, président de Mobilité Électrique Canada, va plus loin. Selon lui, parler de « surplus » dans le FECC est trompeur : « Plusieurs programmes déjà annoncés sont sur la glace depuis des mois à cause de fonds bloqués volontairement. Il n’y a donc pas de surplus. »

Québec : blocage des fonds, incertitude et projets en suspens

Depuis l’arrêt du programme Écocamionnage en septembre 2024, les entreprises du transport et de la livraison multiplient les mises en garde. Propulsion Québec, l’Association du camionnage du Québec (ACQ) et plusieurs transporteurs ont réclamé, encore une fois en novembre, la relance immédiate du programme, jugeant la situation préoccupante.

Les impacts se font sentir partout dans l’industrie et fragilisent les chaînes d’approvisionnement, estime Alexis Laprés-Paradis de Propulsion Québec.

« Les effets de la suspension du programme Écocamionnage sont perceptibles sur le terrain : baisse de camions électriques achetés, projets reportés et, concrètement, moins de véhicules zéro émission sur les routes du Québec. »

L’ACQ parle même d’un « faux départ » dans la transition énergétique. Son PDG, Marc Cadieux, rappelle que les transporteurs ont continué d’améliorer leur performance énergétique mais se retrouvent aujourd’hui bloqués par l’absence de prévisibilité.


« L’enveloppe de 415 millions de dollars annoncée dans le Plan pour une économie verte semble reléguée au second plan, tandis que nos entreprises réclament le soutien qu’elles méritent pour renouveler leur parc et poursuivre leurs activités essentielles. »

Plusieurs témoignages d’entreprises comme Nationex, Intelcom, GLS, Peterbilt Canada ou Globocam se rejoignent : sans vision claire, impossible de planifier les investissements.

Ottawa : un budget qui entretient le flou

Au niveau fédéral, le budget Carney 2025 comporte, à première vue, plusieurs signaux encourageants : soutien aux minéraux critiques, accélération de l’amortissement des véhicules zéro émission, promotion des technologies propres et politique « Achetez
canadien ». Cependant, Ottawa n’a pas confirmé le retour de deux programmes structurants : les incitatifs pour les véhicules zéro émission (iVZE) et le Programme d’infrastructure pour véhicules à émission zéro (PIVEZ).

Pire encore, le programme d’incitatifs pour les véhicules moyens et lourds zéro émission (iVMLZE) doit disparaître en 2026 sans qu’aucun plan clair de remplacement n’ait été annoncé.

« Cet engagement envers le transport propre manque de clarté sur la mise en œuvre. Il est essentiel d’obtenir davantage de précisions afin que tous les Canadiens puissent réellement en bénéficier », souligne Daniel Breton dans sa réaction au budget fédéral.

Un momentum fragile, un choix politique urgent

En entrevue, Daniel Breton rappelle que ces revirements politiques à Ottawa et à Québec ne sont pas sans précédents. Les crises économiques ont souvent repoussé
au second plan les enjeux environnementaux.

« Sortir du modèle économique basé sur les énergies fossiles crée des frictions importantes. Il y a des gens qui feront tout pour retarder l’inévitable », dit-il.

Et la pression négationniste des États-Unis de Donald Trump pourrait selon lui entrainer un arrêt complet des développements de véhicules électriques légers et lourds en Amérique du Nord, au profit notamment de la Chine qui continue de placer ses pions sur l’échiquier mondial du VÉ.

« Il y a des gens dans les véhicules légers qui veulent tout démanteler parce qu’ils veulent s’aligner sur Donald Trump, ce qui serait selon moi une erreur historique. S’il fallait que le Québec et le Canada suivent la voie des États-Unis, l’industrie de l’électrification des transports et de l’automobile vont être annihilées. Les Chinois et les Coréens vont prendre le dessus et on va se retrouver à importer des véhicules, importer des technologies. Ce serait une erreur extrêmement grave. On était en mode rattrapage depuis quelques années, et arrêter à ce moment-ci, c’est la pire décision qu’on pourrait prendre. »

Une lueur d’espoir

Malgré tout, de l’espoir pointe à l’horizon. Les signaux reçus par Mobilité Électrique Canada semblent positifs.

« Les échos que j’ai eus, c’est que le programme va revenir avant la fin de l’année », indique Daniel Breton.

Chez Propulsion Québec, la nouvelle est particulièrement bien reçue, la filière industrielle étant intimement liée aux véhicules lourds.

« Le retour d’Écocamionnage envoie enfin un signal clair et attendu : les transporteurs sont prêts à investir et les solutions sont là. Cette relance donne l’élan nécessaire pour réduire les émissions tout en renforçant la compétitivité des entreprises », souligne Alexis Laprés-Paradis.

Au moment d’écrire ces lignes, aucune annonce officielle n’a été publiée par Québec, et les détails en termes d’enveloppe budgétaire allouée à la prochaine mouture du programme Écocamionnage ne sont toujours pas connus.

Au fédéral, des discussions sont en cours pour assurer une forme de pérennité aux investissements dans l’électrification, autant pour les véhicules que pour les infrastructures. Mais le milieu sait que la bataille politique est loin d’être gagnée.

Le Québec et le Canada ont passé les dernières années à rattraper leur retard en électrification du transport. Les entreprises ont investi massivement dans des bornes, des usines, des projets pilotes et des chaînes de valeur industrielles. Reculer maintenant
mettrait à risque toute cette filière.

« On est à la croisée des chemins. Le gouvernement doit prendre une décision claire », conclut M. Breton.

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