Le gaz naturel renouvelable, une clé pour réduire l’empreinte carbone de la collecte des déchets

La collecte des déchets, des matières recyclables et compostables s’effectue de plus en plus avec des camions alimentés au gaz naturel comprimé. Dans certains cas, la provenance de ce gaz est plutôt surprenante.
La biométhanisation permet de produire, à partir de déchets biologiques, du gaz qui, une fois purifié, peut être utilisé de la même manière que le gaz naturel comprimé dans le moteur des véhicules. On parle alors de GNC-R, soit de gaz naturel comprimé renouvelable. Quelques usines au Canada transforment des déchets organiques, provenant des collectes municipales, des rebuts agricoles ou forestiers, ou encore des gaz émis par les sites d’enfouissement, pour en tirer ce gaz qui est injecté dans le réseau de distribution.
La firme de gestion des déchets Waste Management, parmi d’autres entreprises, compte plusieurs de ces projets au Canada et affiche même, dans certaines municipalités où elle offre son service de collecte, des camions portant cette mention : « Et si vos déchets alimentaient ce camion en carburant ? » Quel renforcement positif de ses bonnes pratiques de récupération pour le citoyen.
Mentionnons que les molécules du gaz naturel, qu’elles soient d’origine fossile ou renouvelable, sont identiques et impossibles à distinguer.
Toutefois, ce qui les démarque, ce sont les frais de production, ce qui explique une importante variation du coût d’achat, qui passe presque du simple au double pour le renouvelable. Pourquoi une entreprise ou une municipalité paierait-elle cette surprime pour exactement le même produit distribué dans les mêmes pipelines ?
Un carburant sous-utilisé
« De plus en plus de flottes de transport et de donneurs d’ouvrage s’y intéressent pour atteindre leurs cibles de décarbonation », nous explique Elaine Arsenault, conseillère principale, médias et affaires publiques chez Énergir, après avoir consulté son équipe. Nous lui avons aussi demandé quel était le niveau de la demande pour ce type de gaz, ce à quoi elle répond : « La demande pour le GNC-R dans le secteur du transport est encore à ses balbutiements. Actuellement, le secteur du transport représente moins de 1 % de tous les volumes distribués, nous avons beaucoup d’espace pour grandir et offrir cette alternative renouvelable aux transporteurs qui le désirent, et nous ne voyons pas de contraintes à cette croissance. D’ici 2030, nous visons qu’un minimum de 10 % de tous nos volumes distribués à notre clientèle soient du GNR. »
Choisir le gaz naturel renouvelable est donc davantage un engagement environnemental qu’économique. Cela étant dit, l’option du gaz naturel, même avec la surprime pour la contribution à la production renouvelable, reste un choix intéressant. Selon les données partagées par Énergir en mars, à 1,52 $ le litre de diesel, un litre équivalent de gaz naturel comprimé coûte 0,76 $, tandis que la version renouvelable s’affichera à 1,47 $ à la pompe.
À la base, l’avantage de l’option au gaz naturel est qu’elle émet 23 % moins de gaz à effet de serre lors de sa combustion que le diesel. De plus, les opérateurs apprécient qu’en moyenne, ce moteur développe 10 décibels de moins que la version diesel.
Un produit à valoriser
Nicolas Perrino est directeur des affaires publiques chez EBI Environnement et nous explique que son entreprise offre une gestion intégrée des matières résiduelles pour ses clients, qu’il s’agisse de municipalités ou d’entreprises privées. En fait, cette entreprise aux nombreuses ramifications contribue aussi à l’approvisionnement du réseau de gaz naturel renouvelable par la valorisation des biogaz émanant des sites d’enfouissement qu’elle gère.
« Les gestionnaires de parc se tournent avant tout vers le gaz naturel comprimé pour des raisons d’économie », souligne M. Perrino. « Il y a aussi une demande pour le gaz renouvelable, une approche préconisée pour la réduction du bilan carbone des clients. » Opter pour ce carburant, c’est également pour une municipalité ou une entreprise une façon de se donner une bonne image dans la communauté.
Dans le cadre des auditions publiques liées au projet de loi 81 du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, EBI Énergie a déposé un mémoire à l'Assemblée nationale du Québec en janvier dernier, suggérant une approche inclusive et cohérente qui combine les ambitions environnementales gouvernementales à la réalité économique et logistique. Selon ce document, le Québec regorge de résidus organiques issus de la production agricole, forestière et laitière. Produire de l’énergie en captant le biogaz de la décomposition éviterait des émissions directes dans l’atmosphère, offrant le plus bel exemple d’économie circulaire.
Le gaz de la carbonégativité
« L’indice réel de décarbonation doit considérer le cycle de vie complet d’une énergie (du puits à la roue) plutôt que de se restreindre à l’échappement », affirme Richard Prévost, représentant et formateur chez EBI Énergie, dans ce document. Comme il l’explique, ce concept remet en question la définition de zéro émission car, selon la matière organique utilisée dans la production du gaz naturel comprimé renouvelable, le GNC-R permet même d’atteindre la carbonégativité. Pour un gestionnaire de parc, cette approche est à considérer car elle a un effet considérable sur le bilan carbone des opérations. Le gaz naturel renouvelable, grâce à son remarquable score en matière de réduction des gaz à effet de serre, est une solution très intéressante pour répondre aux normes de l’EPA qui entreront en application en 2027.
Une solution accessible
EBI
Environnement est un bon client du Groupe Labrie, qui transforme et
adapte des camions pour la collecte de déchets et de matières
recyclables. « Les camions de collecte fonctionnant au gaz naturel
comprimé ne sont pas une nouveauté », souligne Louis-Charles
Lefebvre, gérant régional des ventes pour cette entreprise. «
Selon la configuration choisie, la version d’un camion de collecte
de déchets au gaz naturel comprimé ajoute plusieurs dizaines de
milliers de dollars à la facture. Il faut aussi que l’entreprise
s’assure d’un accès à des installations de ravitaillement. Mais
j’insiste sur le fait que le retour sur
l’investissement
est réel, le gaz naturel présentant une économie mesurable sur la
facture de carburant, un élément de première importance pour les
gestionnaires. »
En fait, un camion alimenté au gaz naturel est à considérer un peu comme un camion électrique : il faut mesurer l’autonomie et prévoir un temps de recharge. Comme pour l’électrique, il existe des points de recharge rapides ou lents, ces derniers étant à considérer lorsque le camion revient « à la maison » le soir pour y passer la nuit. « Pour l’autonomie, je vous rassure, au Groupe Labrie, nous ne proposons que des camions à grande capacité, permettant au moins douze heures de travail sans arrêt », précise M. Lefebvre.
Le prix du carburant fossile et l’absence ou la présence de subventions à l’achat ont un impact direct sur les ventes de camions de collecte de déchets. Un peu comme pour l’électrique, la demande suit une courbe où l’Est et l’Ouest du continent vont opter jusqu’à 80 % pour cette technologie à moindre impact environnemental.
Le fabricant Groupe Labrie propose une multitude de solutions en matière de camions alimentés au gaz naturel comprimé, spécifiquement conçus pour faire la collecte des déchets. Les véhicules proposés reposent sur le châssis de préférence du client, provenant des grandes marques connues. On les décline sous les marques Labrie, Wittke et Leach sur tout le territoire nord-américain.