L’impact des politiques américaines sur la transition énergétique
Il ne faisait aucun doute qu’une ombre planait sur le sommet Impulsion à la veille de la série d’annonces de tarifs douaniers par le président américain, ce dernier ayant déjà signalé son désengagement dans l’électrification des transports.
Lors d’un dîner-causerie, le 31 mars, dans le cadre du sommet Impulsion sur le transport électrique et intelligent, l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest a partagé la scène avec Christine Fréchette, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, afin de parler des impacts de la détérioration des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis sur le virage vert des transports. Les deux politiciens étaient en compagnie d’Emmanuelle Toussaint, présidente-directrice générale de l’Association minière du Québec, agissant à titre de modératrice.
Selon M. Charest, les relations commerciales avec les États-Unis reposent sur une entente de libre-échange où 99 % des produits circulent librement. L’imposition de tarifs vient brouiller ces rapports. Toutefois, l’ancien premier ministre souligne que le Canada détient des atouts sous la forme du pétrole, de l’électricité, des engrais ou encore des métaux rares face aux Américains.
D’ailleurs, la ministre Fréchette soulignait que dans le dernier budget provincial, 100 millions de dollars étaient prévus pour valoriser 28 minéraux qualifiés de critiques au Québec. En ce moment, les États-Unis doivent se tourner vers la Chine pour les obtenir. Sur ce point, M. Charest soulignait que si Québec veut accélérer le rythme de l’extraction et de la commercialisation de ces minéraux essentiels, notamment pour la progression de la filière batterie, le gouvernement devra entreprendre une déréglementation du secteur minier ; la mise en opération d’une mine prendrait entre 15 et 17 ans au Québec.
Selon les deux panelistes, les efforts d’électrification des transports doivent être maintenus au Québec, peu importe le climat économique international. « Il y a des joueurs qui ralentissent », concède la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, « mais nous devons poursuivre nos efforts dans notre économie verte. En fait, nous pouvons en profiter pour tailler notre avance face aux Américains. »
L’idée de lever les frais de douane de 100 % imposés aux véhicules électriques chinois a été évoquée durant la conversation. Ce à quoi Mme Fréchette s’oppose. « Nous vivons un moment où nous devons revoir nos partenariats, mais nous devrions garder nos distances avec la Chine et revoir nos positions si elle change son approche envers les règles du jeu. Pour moi, il est plus important de nous investir dans la conservation de notre chaîne d’approvisionnement nord-américaine. »
Jean Charest, membre du Conseil sur les relations canado-américaines du gouvernement fédéral, a invité les participants à ce dîner-causerie à rester calmes et résilients face à la tourmente économique internationale, et à « regarder vers l’avenir et rester patients. »
