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Optimisation des véhicules électriques : conseils pratiques pour les gestionnaires de parc

L’électrification des flottes automobiles est une tendance incontournable. Mais l’hiver québécois met les véhicules électriques (VE) à rude épreuve.

Pour mieux comprendre ces enjeux, CAA a organisé une première édition canadienne de la Virée électrique, un test grandeur nature effectué avec 14 modèles, dont sept des dix meilleurs vendeurs au pays.

Sylvain Légaré, analyste, recherche en mobilité chez CAA-Québec, partage les observations tirées de cet exercice qui « nous a vraiment permis d’avoir une bonne idée de l’autonomie réelle des véhicules durant la saison froide. » En moyenne, ils affichent une perte de 27 %, comparativement aux chiffres annoncés par Ressources naturelles Canada (RNC). La Polestar 2 et le Chevrolet Silverado EV arrivent en tête de peloton avec un faible écart de 14 %, tandis que le Volvo XC40 Recharge (-39 %) et le Toyota bZ4X (-37 %) ferment le bal.

L’une des premières leçons de cette expérience est que le choix d’un VE doit être dicté par le profil des déplacements. Cette analyse permet de s’assurer que le modèle sélectionné correspond aux besoins réels de l’entreprise.

« Les VE ne constituent pas nécessairement l’unique solution pour l’ensemble d’un parc. Par exemple, ils seront efficients et rentables pour de la livraison en milieu urbain ou pour de courts trajets. Par contre, sur de longues distances, un hybride ou un hybride branchable pourrait s’avérer une option plus intéressante », précise M. Légaré.

Bien connaître son véhicule, le secret derrière l’optimisation d’une flotte électrique
Bien connaître son véhicule, le secret derrière l’optimisation d’une flotte électrique_Credit : CAA-Québec


Le recours à des outils de télémétrie aide, par ailleurs, à une meilleure compréhension globale du parc. En plus d’offrir des données pertinentes sur les déplacements, la consommation et les habitudes de conduite des travailleurs, ils facilitent la planification et la gestion de l’entretien des véhicules.

M. Légaré suggère au passage d’exploiter ces données pour récompenser les employés qui se démarquent par leur comportement routier, encourageant du même coup, les autres à suivre le bal. « La majorité des gens ne vont pas conduire comme un propriétaire de VE qui cherche à maximiser son autonomie. » Soit qu’ils ne sont pas à l’affut des techniques d’écoconduite, soit qu’ils ne désirent tout simplement pas modifier leurs pratiques pour économiser cette précieuse ressource, « nerf de la guerre » de l’électrification.

Au sein de sa division de sécurité routière, CAA-Québec offre de nombreux conseils à ses membres sur l’écoconduite, laquelle joue un rôle essentiel pour optimiser l’énergie. « On essaie d’éduquer les gens sur les meilleures stratégies à adopter pour réduire la consommation, tant avec les véhicules électriques qu’avec ceux qui carburent à l’essence », explique M. Légaré.

Privilégier une conduite douce et anticipative, et apprendre à gérer l’accélération et le freinage régénératif permet d’améliorer significativement l’autonomie. En sensibilisant les conducteurs à ces techniques, les entreprises peuvent non seulement diminuer leur consommation énergétique globale, mais également prolonger la durée de vie de leurs véhicules.

L’entretien figure parmi les éléments clés qui contribuent à préserver l’autonomie. Étant moins sollicités que ceux d’un véhicule doté d’un moteur à combustion, les freins peuvent développer de la rouille et saisir, entraînant une résistance au roulement. « Avec un VE, on veut justement en avoir peu ou presque pas afin de favoriser l’autonomie. »

Les pneus ont aussi leur mot à dire. Les températures froides diminuent la pression d’air, avec pour conséquence une résistance accrue. M. Légaré conseille donc de la vérifier régulièrement à l’aide des outils embarqués. Mais en fin de compte, « il n’y a pas de pneu parfait. C’est une question de compromis, surtout durant l’hiver. Un pneu avec beaucoup d’adhérence aura une plus grande résistance. Et si on tente de la réduire, le pneu risque alors de manquer de traction. »

La recharge représente un autre enjeu majeur pour les gestionnaires et les utilisateurs. La disponibilité et la fiabilité des bornes peuvent parfois entraîner des pertes de temps liées à l’attente et à des problèmes techniques, surtout lorsque les températures descendent sous le point de congélation. Et qui dit perte de temps, dit aussi baisse de revenus pour une entreprise.

De la neige accumulée autour du pistolet peut occasionnellement se transformer en glace à cause de la chaleur libérée par l’électricité, l’empêchant de se déverrouiller. M. Légaré note que CAA-Québec reçoit de nombreux appels en lien avec ce problème durant la saison hivernale, ainsi que pour des pistolets bloqués à même le véhicule. D’où l’importance de sensibiliser les employés aux défis que pourrait rencontrer chaque VE pour être à même de les anticiper certes, mais aussi savoir comment les gérer efficacement afin de limiter les interruptions opérationnelles.

« Les véhicules d’aujourd’hui sont de véritables ordinateurs roulants. Chaque marque a ses procédures d’urgence, et il faut connaître où se trouvent les commandes essentielles », prévient M. Légaré. « Nos patrouilleurs doivent être au fait des manœuvres spécifiques pour chacun d’eux. »

Sylvain Légaré, analyste, recherche en mobilité chez CAA-Québec
Sylvain Légaré, analyste, recherche en mobilité chez CAA-Québec_Credit CAA-Québec


Il recommande, par ailleurs, de créer une fiche technique détaillant les caractéristiques propres à chaque véhicule, ainsi que d’offrir une courte formation pour les utilisateurs. Elle devrait inclure des aspects tels que l’écoconduite, l’utilisation optimale du système de chauffage, des informations sur la puissance et le préconditionnement de la batterie et la recharge, ainsi que la localisation des dispositifs en cas d’urgence (loquet ou câble pour débloquer un pistolet coincé), ou toute autre particularité notamment, celles liées au remorquage.

Le Chevrolet Silverado EV, par exemple, a enclenché automatiquement le frein d’urgence lorsque sa batterie a été vidée de sa charge. Impossible alors de le mettre au neutre pour l’opération de remorquage ou encore de le survolter, le déverrouillage du capot requérant lui aussi de l’électricité. Le véhicule a dû chausser des patins en Teflon sous ses roues pour ensuite être hissé sur la plateforme avant de prendre la direction d’une borne pour le raviver.

Cette première édition de la Virée électrique de CAA a permis de mieux comprendre comment réagissent divers modèles électriques en hiver. « C’est une expérience éducative qui aide à informer les gestionnaires et les conducteurs sur les réalités du quotidien », conclut M. Légaré. L’électrification des parcs représente un défi logistique et technique, mais avec une bonne planification, des outils adaptés et une formation adéquate, elle peut offrir des bénéfices significatifs en matière de réduction des coûts et d’empreinte écologique.

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