Le nivellement par le bas des Chauffeurs Inc.

Le stratagème du modèle Chauffeur Inc. nous rappelle qu’il se trouvera toujours dans notre industrie des entreprises qui préfèrent niveler par le bas plutôt que de se démarquer par la valeur ajoutée de leur offre.
Les prestataires de services et les compagnies de transport de biens et de personnes ont toujours eu recours à des ressources temporaires pour conférer de la souplesse à leurs opérations. Mais utiliser un trompe-l’œil fiscal tout en mettant en péril la sécurité de l’ensemble des utilisateurs de la route, relève d’une tout autre catégorie de comportements, que nous ne pouvons que décrier, au nom des professionnels que nous représentons.
Dans un contexte de forte concurrence, les entreprises peuvent glisser dans la recherche de raccourcis financiers. En fait, s’il s’agit de viser l’optimisation de l’efficacité des opérations, je suis partant. Dans mes activités professionnelles, je travaille quotidiennement avec des gestionnaires de parc qui veulent mesurer leur performance, en identifier les lacunes, et déployer des stratégies qui permettent, par l’implantation de mesures concrètes, de réduire leurs frais. Une panoplie d’outils et de conseillers est à la disposition de ces spécialistes pour optimiser leurs opérations.
Je me souviens que dans ma jeunesse, mon père pointait les poids lourds sur l’autoroute en me certifiant que ces bouffeurs de bitume étaient les gens les plus prudents que l’on pouvait croiser sur la route. Avec tout ce que j’entends, combiné à ce qu’il m’arrive de constater en personne lors de mes longs déplacements, je me demande à quel point cette affirmation tient encore la route, sans vouloir jouer sur les mots.
Discuter d’entretien, de formation, ou du choix de sous-traitants pour réaliser des tâches complémentaires fait partie d’une saine gestion, pourvu que l’entreprise mesure toutes ces opérations à l’aune des standards de qualité qui la régissent. Tourner les coins ronds, dans l’un ou l’autre de ces volets, risque d’entraîner des effets collatéraux néfastes.
Un entretien déficient multiplie les risques de pannes, susceptibles de provoquer un bris de service ou des retards de livraison. Tout comme le recours à du personnel mal formé, mal encadré et dépourvu de tout engagement réel envers son « employeur », ternira son image auprès des clients et entachera la mission de l’entreprise.
La gestion de parc demande une grande ouverture d’esprit et appelle à une flexibilité dans l’adoption de solutions au quotidien. Ce rôle occupé par des professionnels qui coordonnent les opérations mobiles de l’entreprise doit aussi embrasser la vision de cette entreprise et mettre de l’avant les meilleures pratiques.
L’apparition du phénomène des Chauffeurs inc. est déplorable pour toutes les questions que j’ai évoquées. J’espère que nos deux paliers de gouvernement s’y intéressent sérieusement et veillent au respect des règles du jeu afin d’effacer l’iniquité concurrentielle qui découle de cette entorse.
Et à nos gestionnaires de parc, je réitère mon message de rester fièrement engagés dans un parcours où l’optimisation des opérations ne se fait pas au détriment de la qualité. Nous ne sommes pas au sein de ces entreprises et ces organismes pour déclencher une spirale de médiocrité, après tout !