Un précieux chargement
Conçus pour transporter des passagers en toute sécurité, les pneus d’autobus doivent être choisis avec le plus grand soin.
Un pneu d’autobus prend une tout autre dimension lorsqu’il est pensé pour les réalités des flottes municipales, des autobus scolaires et des autocars de longue distance. Chaque type de parc a ses particularités, et les gestionnaires doivent s’assurer de choisir les pneus adaptés aux besoins de leur parc.
« Chez Michelin, nous développons des pneus qui tiennent compte des conditions d’utilisation et de l’environnement de chaque véhicule », explique Daniel Neal, chef de produit, pneus d’autobus chez Michelin Amérique du Nord. « Pour les autobus, qu’ils soient urbains, scolaires ou interurbains, le design doit tenir compte de leur mode d’utilisation et des types de trajets effectués. »
Alan Eagleson, directeur du segment TBR chez Sailun Tire Americas, précise les différences à prendre en compte selon le type d’autobus. « Les autobus urbains utilisent souvent des pneus à profil plus bas, ce qui permet de réduire la hauteur de marche », explique-t-il. « Ils touchent aussi fréquemment les bordures, c’est pourquoi certains modèles sont dotés de nervures de protection sur les flancs pour limiter les dommages. Par exemple, le Sailun S638 intègre trois nervures latérales renforcées par 5/32 po de caoutchouc supplémentaire afin de mieux résister à l’abrasion. »
Les autocars interurbains, poursuit-il, ont des exigences différentes. « Ils nécessitent des pneus capables de supporter des charges plus lourdes et offrant une cote de vitesse plus élevée. Une faible résistance au roulement est également souhaitable pour les trajets sur autoroute. Dans les deux cas, le confort et une conduite silencieuse font partie des critères essentiels. Les pneus à sculpture en nervures sont généralement les mieux adaptés pour assurer une conduite souple et silencieuse. »
Quant aux autobus scolaires, M. Eagleson souligne qu’ils circulent souvent sur des routes de campagne ou en gravier, parfois dans des conditions hivernales difficiles. « C’est pourquoi ils doivent être équipés de pneus à forte traction sur l’essieu moteur. »
M. Neal partage cet avis et précise : « Les autobus urbains transportent de lourdes charges, effectuent sans cesse des arrêts et des virages serrés, et longent les trottoirs pour faciliter l’embarquement. Ces conditions exigent des pneus dotés de gommes très résistantes à l’usure, de sculptures adaptées aux freinages et virages constants, de flancs renforcés capables de supporter les contacts répétés avec les bordures, et d’indicateurs d’usure intégrés pour aider les gestionnaires à suivre l’état des pneus et planifier les rotations. »
Les autocars qui roulent sur autoroute font moins d’arrêts et de virages, explique M. Neal. « Ces autocars privilégient l’efficacité énergétique et la longévité de la bande de roulement plutôt que la robustesse des flancs, tout en recherchant une conduite confortable et une faible résistance au roulement pour des trajets longue distance plus économiques. »
Les autobus scolaires font figure d’exception. « Leurs besoins varient selon la région et le type de trajet », ajoute M. Neal. « En milieu urbain, ils utilisent souvent des pneus d’autobus de ville, alors que les modèles ruraux peuvent profiter de pneus d’autocar. »
Il précise également que, selon les conditions hivernales, certains parcs optent pour des pneus spécifiques à l’essieu directeur ou moteur. « Toutefois, beaucoup préfèrent simplifier la gestion en utilisant un seul modèle toutes positions, plus facile à interchanger et à entretenir. »
Autobus électriques
Depuis quelques années, on observe une croissance constante du nombre d’autobus électriques sur le marché. En raison de leurs caractéristiques particulières, ces véhicules posent de nouveaux défis aux fabricants de pneus.
« Ces véhicules sont généralement plus lourds, ce qui peut nécessiter une capacité de charge plus élevée », indique M. Eagleson. « Ce n’est pas un problème en soi, car les pneus sont conçus pour supporter des charges supérieures à celles auxquelles ils sont soumis. En revanche, certains autobus importés d’autres régions du monde utilisent des dimensions de pneus moins courantes que celles des modèles nord-américains. »
Pour M. Neal, les besoins des parcs d’autobus évoluent constamment, particulièrement avec l’arrivée des modèles électriques. « Ces véhicules posent de nouveaux défis, notamment un poids accru dû aux batteries et une autonomie plus sensible », explique-t-il. « Dans ce contexte, la solidité de la carcasse et la longévité du pneu demeurent essentielles pour limiter les immobilisations et garder des coûts d’exploitation sous contrôle. »
Selon M. Neal, le rechapage permet aux parcs d’autobus de réduire leurs dépenses en pneus, de prolonger la durée de vie des carcasses et d’adopter une approche plus durable. Il contribue ainsi à abaisser le coût total de possession, sans compromettre la fiabilité ni les performances.
À retenir
M. Eagleson précise que les gestionnaires de parc doivent tenir compte de plusieurs critères essentiels au moment d’acheter de nouveaux pneus d’autobus. Le premier concerne le type de pneu et son usage. « Les conditions d’utilisation varient d’un autobus à l’autre, entre arrêts répétés, trajets sur autoroute ou usage mixte, et les pneus doivent être sélectionnés en fonction de ces réalités », précise-t-il. « Il est aussi primordial de vérifier que leur indice de charge correspond au poids total en charge du véhicule. »
La sculpture de la bande de roulement joue également un rôle important. « En milieu urbain, il faut des pneus à sculptures profondes et durables capables de résister aux arrêts et redémarrages répétés. Sur autoroute, une faible résistance au roulement améliore le rendement énergétique. Dans les régions froides, des pneus toutes saisons ou homologués hiver peuvent s’avérer nécessaires. »
M. Eagleson souligne que la capacité de rechapage, le rendement énergétique, les conditions de garantie et la fiabilité de la marque de pneus, ainsi que la qualité de son service après-vente, jouent également un rôle important dans le processus de décision.
M. Neal résume les points clés à garder en tête :
Entretenir les pneus régulièrement
- Vérifier fréquemment la pression et la maintenir au niveau recommandé.
- Utiliser les indicateurs d’usure (sur la bande et sur le flanc) pour planifier les rotations et les remplacements.
Évaluer le coût total de possession
- Les pneus haut de gamme coûtent plus cher à l’achat, mais offrent un meilleur rendement kilométrique, nécessitent moins de remplacements et se prêtent mieux au rechapage.
- Le rechapage, autorisé sur tous les essieux sauf les directeurs, aide les parcs à réduire leurs coûts, prolonger la durée de vie des pneus et adopter une approche plus durable, sans compromettre la performance ni la fiabilité.
- Même sans rechapage, une carcasse de qualité conserve une valeur de revente supérieure.
En conclusion, M. Neal rappelle un principe simple : « En tenant compte des besoins spécifiques à chaque type d’application et de la valeur à long terme, les gestionnaires de parc peuvent maximiser la performance de leurs pneus tout en réduisant les coûts d’exploitation. »
