Remarketing des véhicules électriques
Comment optimiser la revente de vos hybrides et véhicules électriques.
Depuis une dizaine d’années, les autorités multiplient les efforts pour accélérer l’adoption des véhicules électriques. Cette dynamique repose en grande partie sur des décisions politiques, notamment des incitatifs et des mandats gouvernementaux au niveau fédéral et provincial.
Pour les gestionnaires de parc, ces politiques ont favorisé l’intégration de véhicules à faibles ou à zéro émission, mais les programmes s'accompagnent souvent de conditions particulières. La modification des politiques et la fin de nombreux incitatifs ont changé la dynamique du marché des véhicules électriques, en affectant à la fois la demande, les coûts d’exploitation et la valeur de revente.
Alors, que doivent faire les parcs qui possèdent déjà des véhicules électriques et envisagent de les revendre ?
Selon Holly Vollant, directrice du remarketing nord-américain chez Holman, la demande sur le marché de la revente des véhicules électriques continue de s’essouffler. « L’hésitation des acheteurs est surtout liée aux inquiétudes concernant l’autonomie et la santé à long terme de la batterie. Ces deux aspects sont difficiles à mesurer de façon claire et fiable pour les acheteurs potentiels. »
Les parcs doivent aussi garder à l’esprit que les véhicules électriques neufs perdent de la valeur plus rapidement que les modèles hybrides ou à essence. Et même si les infrastructures et les batteries s’améliorent, les inquiétudes liées à l’autonomie et à la recharge freinent encore la confiance des acheteurs, particulièrement dans les régions où les bornes sont rares.
Selon Mme Vollant, les gestionnaires de parc doivent aligner leurs prévisions de valeur résiduelle sur la demande réelle du marché. Elle recommande de planifier soigneusement le moment de la revente afin qu’il coïncide avec les périodes de forte demande et les campagnes promotionnelles des constructeurs.
Maria Neve, vice-présidente, services eFMC chez Inspiration Mobility et présidente du conseil d’administration de la NAFA, explique que dans le contexte politique et économique actuel, les parcs ont tout intérêt à diversifier leurs approvisionnements afin de trouver les véhicules les mieux adaptés à leurs besoins et d’éviter les problèmes de disponibilité.
En matière de véhicules électriques, l’évolution du cadre fiscal et législatif oblige les parcs à profiter des crédits d’impôt et des programmes incitatifs tant qu’ils sont encore en vigueur. Mme Neve précise qu’au Canada, ces programmes continuent de progresser, même si aux États-Unis, on observe un important recul dans ce domaine.
Elle ajoute que les données réelles confirment qu’un véhicule électrique bien intégré à ses opérations peut offrir des économies d’exploitation substantielles. Les sondages indiquent également qu’une fois habitués, les conducteurs se déclarent plus satisfaits au volant d’un VE qu’au volant de véhicules à moteur à combustion interne.
Cela dit, les parcs doivent rester prudents. Les véhicules électriques, surtout les modèles entièrement à batterie, ne conviennent pas à tous les usages, et certaines applications s’y prêtent mieux que d’autres. Les gestionnaires de parc et leurs organisations doivent bien se préparer et comprendre qu’ils n’achètent pas seulement un véhicule, mais qu’ils s’engagent dans un véritable écosystème. Celui-ci comprend l’infrastructure de recharge nécessaire, la planification des itinéraires et des horaires, la formation des conducteurs, la sécurité, l’entretien des véhicules, ainsi que le rôle précis que ces unités devront remplir et les conditions environnementales auxquelles elles seront exposées. En hiver, lorsque les températures chutent, l’autonomie et les performances des batteries peuvent diminuer de façon marquée, un facteur qu’il faut absolument prendre en compte au moment de l’acquisition.
Mme Vollant insiste sur l’importance d’évaluer le coût total de possession et de planifier soigneusement la stratégie d’acquisition avant de se tourner vers l’électrique. Dans le marché actuel, le coût initial plus élevé des véhicules électriques par rapport aux modèles à essence se traduit souvent par des valeurs résiduelles plus faibles. Les gestionnaires doivent donc s’attendre à une valeur de revente plus faible et à une demande plus restreinte sur le marché de l’occasion.
Cela dit, il existe des moyens d’optimiser la revente de ces véhicules. Les plateformes de vente en ligne, notamment les places de marché dédiées au commerce de gros, s’avèrent particulièrement efficaces. « Elles offrent une portée nationale, souligne Mme Vollant, et facilitent l’accès à un plus vaste réseau d’acheteurs, un avantage de taille pour les véhicules électriques, dont la demande reste faible dans certaines régions. »
Remarketing des hybrides
Si les véhicules électriques à batterie (VÉB) monopolisent depuis quelques années l’attention politique et médiatique, les parcs qui visent des objectifs de durabilité et souhaitent réduire leur consommation de carburant à moindre coût se tournent massivement vers les hybrides. La demande pour ce type de véhicule a explosé, portée par les inquiétudes liées à l’autonomie et à l’infrastructure de recharge des VÉB. Selon Statistique Canada, les ventes d’hybrides ont progressé de 60,7 % au deuxième trimestre de 2025 par rapport à la même période de l’année précédente, alors qu’aux États-Unis, elles ont affiché une hausse de 36 %.
Mme Vollant estime que le marché des hybrides devrait continuer à se renforcer, soutenu par un taux d’adoption en hausse et une confiance solide des consommateurs. Cela se traduit par des valeurs résiduelles stables, comparables à celles des véhicules à essence et nettement supérieures à celles des véhicules électriques. Pour maximiser la revente des hybrides, elle recommande de viser un public large, notamment par l’intermédiaire des plateformes de vente en ligne à portée nationale, tout en misant sur un entretien rigoureux durant la période d’utilisation. Elle souligne que les parcs qui entretiennent bien leurs véhicules, hybrides compris, et conservent des dossiers d’entretien complets obtiennent généralement de meilleurs prix à la revente.

