Télématique : au service des secours
Lumières allumées. Sirènes activées. Localisez précisément le véhicule sur la carte et identifiez les unités les plus proches.
Une ambulance se précipitant vers une urgence. (Crédit : AdobeStock)
Mise au service des secours, la télématique peut sauver des vies.
La plupart des gestionnaires de parc connaissent les avantages de la télématique. Mais pour ceux qui supervisent des véhicules d’urgence, elle est encore plus précieuse puisqu’elle fournit des données vitales qui peuvent faire la différence entre la vie et la mort.
Guillaume Poudrier, président de Geothentic, souligne que la majorité des véhicules d’urgence utilisent désormais la télématique pour être suivis à distance. « Lors d’une intervention, l’accès en temps réel aux données de localisation et de télémétrie est essentiel, tant pour la coordination que pour la sécurité. »
Nathalie Crewes, responsable de segment commercial chez Geotab, explique que les services d’urgence utilisent de plus en plus la télématique, mais pas seulement pour savoir où se trouve un véhicule. Alors que les systèmes de répartition existants se limitent souvent à afficher un point sur une carte, la demande actuelle porte sur deux questions essentielles : ce que fait le véhicule et dans quel état il se trouve.
Elle rappelle que pour la police, les ambulances et les pompiers, la disponibilité en tout temps est essentielle. Un voyant moteur qui s’allume en pleine intervention est inacceptable. Sans données précises sur l’état du véhicule et sur son usage réel, l’entretien repose sur des calendriers fixes plutôt que sur l’usure véritable. Ces circonstances rendent l’entretien moins pertinent et souvent trop tardif.
Mme Crewes note que l’entretien est souvent la première raison qui pousse les organisations à adopter la télématique. Très vite, elles découvrent que les données recueillies répondent aussi à des enjeux opérationnels plus larges. L’analyse des comportements de conduite, en intervention comme en patrouille, permet de mettre en place des programmes de formation adaptés. Ces initiatives contribuent directement à réduire les collisions, limiter les blessures et améliorer la sécurité des intervenants sur la route.
Elle souligne également que la télématique est un moyen efficace de réduire les coûts. « Les économies réalisées peuvent être réinvesties dans des activités cruciales comme le renouvellement du parc ou le renfort des effectifs », insiste-t-elle. Le carburant en est un bon exemple : avec des données précises, il est possible d’élaborer un plan global de réduction des coûts. Les agences peuvent aussi évaluer l’intégration de véhicules électriques en fonction des habitudes réelles d’utilisation de leur parc, plutôt que de s’appuyer sur des suppositions.
Lorsque les véhicules électriques ne sont pas encore adaptés, la réduction du temps passé au ralenti permet déjà de réaliser d’importantes économies. Mme Crewes souligne que certains parcs ont diminué ce temps de 40 %, entraînant une consommation nettement réduite. Les véhicules de police, souvent utilisés comme bureaux mobiles, restent parfois longtemps à l’arrêt près des postes, une pratique peu efficace. La mise en place d’alertes personnalisées pour signaler les excès de ralenti permet alors de sensibiliser les conducteurs et d’encourager des comportements plus économiques.
Mise en place
Le marché offre un large choix de solutions de télématique. Il est donc important de sélectionner celle qui répond le mieux aux besoins du parc. Selon M. Poudrier, la solution retenue dépendra surtout du budget disponible et de l’utilisation qui sera faite des données. Les meilleures pratiques consistent à équiper les véhicules de police et les camions de pompiers de caméras, en complément du GPS. L’accès en temps réel à ces données permet alors aux équipes à distance d’apporter un soutien rapide et pertinent lors des interventions.
L’intelligence artificielle vient renforcer cet apport. Mme Crewes estime que pour les véhicules d’urgence, un système complet de télématique est essentiel afin d’améliorer la sécurité, l’efficacité et la rapidité des interventions. Ces systèmes utilisent l’IA pour transformer les données en informations exploitables. La plateforme doit permettre une intégration fluide avec les technologies déjà à bord et garantir que les données ne restent pas cloisonnées.
Elle rappelle que le choix d’une solution doit toujours se faire en fonction des objectifs opérationnels : réduire les délais d’intervention, améliorer la sécurité, maximiser la disponibilité des véhicules, optimiser l’utilisation des ressources et maîtriser les coûts.
« Un bon système propose un suivi GPS quasi instantané, garantissant une localisation précise et un routage dynamique optimisé par l’IA », poursuit-elle. « Il doit aussi permettre de suivre les comportements de conduite, comme la vitesse, les freinages brusques ou le temps de ralenti. Quant aux systèmes de caméras intelligents, qu’ils soient orientés vers l’avant, vers le conducteur ou à 360 degrés, ils fournissent des preuves précieuses, renforcent la formation et offrent une meilleure vision de la situation. »
Mme Crewes ajoute que le suivi de l’entretien et l’analyse des données permettent d’anticiper les problèmes de moteur ou de consommation. Les alertes et les outils de communication d’urgence, comme la notification automatique de collision (ACN) ou les boutons d’appel, sont indispensables pour obtenir une aide immédiate et favoriser une intervention plus rapide.
Télématique et transparence
Frank Daccardi, directeur des solutions télématiques chez Holman, estime que le besoin d’efficacité et de transparence explique l’essor de ces technologies. « Lorsqu’un véhicule active ses gyrophares ou sa sirène, il est essentiel de le localiser sur une carte et d’identifier les autres unités à proximité. Si plusieurs unités doivent être déployées, l’intervention peut ainsi être coordonnée de façon optimale. », dit-il.
Au-delà de la localisation et de l’activité, M. Daccardi insiste sur l’importance des données d’entretien. « Les véhicules d’urgence passent beaucoup de temps au ralenti. Dans ces conditions, le compteur kilométrique n’est pas un indicateur fiable pour déterminer quand le véhicule doit passer à l’atelier. »
« Dans un parc classique, une immobilisation occasionnelle ne représente qu’un contretemps », ajoute-t-il. « Pour un véhicule d’urgence, l’enjeu est tout autre, car une immobilisation peut mettre des vies en danger. D’où l’importance de pouvoir entretenir ces véhicules et de s’assurer qu’ils soient prêts à intervenir dès qu’ils sont sollicités. »
Il souligne aussi la sensibilité des données. « Il faut une solution fiable, capable de répondre au moment où on en a besoin. Mais les données étant sensibles, il est essentiel d’en contrôler rigoureusement l’accès. Dans un service de police, par exemple, il serait impensable que la position des véhicules en temps réel soit accessible à tout le monde. »
Pour éviter les erreurs lors de la mise en place, M. Poudrier recommande de se tourner vers des spécialistes. Les parcs doivent travailler avec un fournisseur spécialisé, qui comprend les besoins particuliers des services d’urgence et peut adapter la solution en conséquence. S’associer avec un partenaire qui propose une intégration progressive et un soutien à long terme est la clé du succès.
