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Vers une meilleure optimisation des transports

L’industrie de la télématique, encore jeune à l’échelle du transport routier, a pourtant parcouru un chemin fulgurant.

Claude Boucher
Claude Boucher Rédacteur

En trois décennies à peine, les simples systèmes de repérage, alors limités à des points lumineux sur une carte, sont devenus des plateformes de gestion de flotte sophistiquées. Leur mission dépasse désormais la conformité et la visibilité : elles servent de colonne vertébrale technologique aux décisions stratégiques, à la sécurité, à l’entretien et à l’optimisation opérationnelle. Et aujourd’hui, l’intelligence artificielle ouvre la porte à une meilleure optimisation des routes.

Mais derrière cette évolution rapide se cache un paradoxe qui hante les fournisseurs de systèmes et services télématiques : les outils progressent plus vite que la capacité des transporteurs à les absorber. Et cette pression technologique, combinée au manque de ressources internes, place plus que jamais l’accompagnement et les partenariats au cœur de la valeur ajoutée.

Une complexité technologique qui dépasse les équipes internes

Lors de nos entrevues avec différents fournisseurs importants de l’industrie des transports, un fil conducteur saute aux yeux : les flottes n’ont ni le temps, ni les compétences pour suivre la parade. Les innovations pleuvent, les fonctionnalités s’ajoutent chaque mois, et les gestionnaires, eux, doivent simplement survivre au quotidien.

Anthony Mainville, PDG d’AttriX, résume bien la situation.

« Je pense que tous les fournisseurs dans l’industrie sont en train de déployer plein de fonctionnalités incroyables. Mais le problème, c’est que les clients n’ont pas toujours le temps de prendre du recul, de les exploiter et de les utiliser. On a beau pousser de la technologie, les clients ne l’utiliseront pas pleinement si personne ne les accompagne. »

Et encore faut-il que les outils répondent à un besoin réel des clients, nous dit Guillaume Poudrier de Géothentic.

« La finalité de tout ça doit être simple pour qu’on puisse bien utiliser l’information qu’on va chercher. Il faut que ce soit adapté et flexible à ce qu’un client recherche. C’est bien d’aller chercher l’information, mais encore faut-il en faire quelque chose. Il y a encore un fort pourcentage de clients qui n’ont besoin que de la base : où sont mes véhicules, et quelles sont mes données pour bien gérer ma maintenance. »

Jacques DeLarochellière, PDG d’ISAAC Instruments, martèle que la valeur ne réside plus dans l’abondance des fonctionnalités, mais dans la simplicité et l’automatisation. La technologie existe déjà. Ce qui manque aux flottes, c’est la disponibilité pour se l’approprier.

« La puissance de la télémétrie augmente plus vite que l’adoption. La flotte moyenne en fait beaucoup plus qu’il y a cinq ans, mais les solutions en font beaucoup plus aussi. »

Le résultat est connu : des outils loin d’être utilisés à leur pleine capacité, de la donnée sous-exploitée et des décisions qui restent intuitives alors qu’elles pourraient être plus intelligentes et mieux informées.

Une industrie en perpétuelle accélération

Dans ce tableau, la voix de Jaime Williams, récemment nommé directeur Stratégie chez AttriX, arrive comme celle d’un vétéran qui a vu l’industrie naître. « Je suis dans le domaine depuis 30 ans, depuis l’époque du tracking satellite et des premières solutions Qualcomm. Ce n’était que l’enfance de la télématique. Aujourd’hui, tout évolue sans arrêt. Ce n’est plus que de simples points sur une carte : c’est comment tirer la pleine valeur d’un camion, d’une remorque, d’un chauffeur. »

Son regard pointe vers une transformation majeure : le passage du suivi à la prédiction. Selon lui, l’analyse prédictive et l’IA marquent la vraie prochaine étape. Concrètement, cela veut dire :

• savoir à l’avance quand immobiliser un camion

• prévoir les opportunités de revenus d’un chauffeur

• éviter les temps morts qui minent les flottes

• optimiser en continu la route, la consommation, les arrêts

Jaime Williams insiste particulièrement sur le fait que ces nouveaux outils ne servent pas uniquement les gestionnaires : « Les chauffeurs, eux aussi, veulent travailler mieux. L’IA leur donne les moyens d’être plus efficaces et plus sécuritaires. »

Un même constat : le besoin d’accompagnement

Si les différents fournisseurs d’outils télématiques abordent la technologie avec des philosophies différentes, leurs constats convergent. Les données ne servent à rien si on ne met pas les ressources suffisantes en place.

« Les gens pensent souvent que la télémétrie, c’est une baguette magique qui me permet de régler mes enjeux », souligne Guillaume Poudrier de Géothentic. « Mais l’information qu’on va chercher doit être gérée et utilisée, et ça implique des changements au niveau de l’organisation. Ça prend des ressources pour le faire. »

L’édition 2025 de la conférence Horizon d’ISAAC Instruments l’a clairement démontré : l’industrie traverse un cycle difficile, marqué par des coûts très élevés, et les transporteurs cherchent des solutions concrètes pour tenir le coup. Le partenariat, thème central de l’événement, n’a rien d’un slogan marketing. C’est devenu une condition de survie.

Chez AttriX, l’approche repose sur la proximité opérationnelle. L’entreprise revendique son expertise terrain et mise sur son équipe de spécialistes pour guider les clients. Formations, audits automatisés, analyse du PEVL, outils propriétaires intégrés dans Geotab, accompagnement individualisé : on est loin de la simple vente.

Les deux entreprises le confirment : sans soutien, les transporteurs abandonnent l’innovation dès que le quotidien reprend ses droits.

L’optimisation des routes: l’IA change les règles

La nouvelle frontière de la télématique, c’est l’optimisation intelligente des itinéraires.

Pendant longtemps, l’optimisation se limitait à éviter les détours ou les zones de construction, à réduire la consommation de carburant et à choisir la station-service la moins chère.

Désormais, l’IA combine des centaines de paramètres en temps réel :

• état mécanique anticipé du véhicule

• poids et nature du chargement

• contraintes clients

• disponibilité des chauffeurs

• météo et congestion

• risques de sécurité

• optimisation de carburant

• performance historique des routes

Résultat : des itinéraires plus rapides, plus économiques, plus sécuritaires… et parfois très différents de ceux dictés par l’intuition humaine. L’objectif : réduire les coûts et optimiser les actifs, bien sûr, mais aussi rendre le travail du chauffeur plus facile, plus agréable et plus payant !

Trop de technologie, pas assez de temps

L’évolution de la télématique, combinée à l’essor fulgurant de l’IA, apporte un potentiel immense au transport routier. Mais ce potentiel ne se concrétise que si les transporteurs sont accompagnés. Et cette réalité touche l’ensemble des fournisseurs de technologies télématiques.

La technologie avance à vitesse grand V. Les flottes, elles, tentent simplement de garder la route. Dans ce contexte, le véritable avantage compétitif n’est plus l’outil, ni le prix, ni même la fonctionnalité. C’est la capacité d’un fournisseur à marcher aux côtés du transporteur, à comprendre son quotidien, à simplifier l’usage, à transformer une solution complexe en un gain concret.

Et malgré l’importance indéniable de l’intelligence artificielle, tant dans le développement de solutions que dans leur utilisation, le futur de la télématique n’est pas qu’une question d’IA. C’est une question de relations humaines, de soutien et de compréhension mutuelle.

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