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Durabilité pratique pour les parcs

Entrevue avec Charlotte Argue de Geotab

Lors de la conférence Geotab Connect 2025, la durabilité pragmatique était au cœur des discussions. Bien que l’idée séduise de nombreux gestionnaires, sa mise en œuvre peut sembler complexe, et les résultats concrets, difficiles à atteindre. Dans un contexte où les parcs de véhicules subissent de fortes pressions et doivent composer avec des réalités d’exploitation contraignantes, la tâche paraît d’autant plus ardue. Pourtant, lorsqu’une démarche est bien pensée et bien appliquée, les bénéfices sont réels. Le quatrième Rapport sur la durabilité et les retombées de Geotab le démontre clairement. Fleet & Mobility s’est entretenu avec Charlotte Argue, gestionnaire principale, Mobilité durable chez Geotab, pour aborder la notion de durabilité pratique, et les moyens concrets à la disposition des parcs pour atteindre des objectifs environnementaux tout en renforçant leur viabilité et leur rentabilité.

Autosphere : Quels sont, selon vous, les éléments clés pour mettre en œuvre une démarche de durabilité concrète et applicable dans les parcs aujourd’hui?

Charlotte Argue : Les grandes ambitions environnementales sont importantes, mais il faut savoir les traduire en étapes concrètes à court terme. C’est cette méthode qui permet d’obtenir des résultats rapides et des économies mesurables. Quand on pense aux défis quotidiens des gestionnaires de parc, il devient essentiel d’adopter une approche guidée par les données, intégrée à leur rôle, avec des actions claires à mettre en œuvre.

Cette approche doit être adaptée à la réalité propre de chaque parc : taille, type de véhicules, missions à accomplir… Cela permet de cibler les véritables marges de manœuvre au lieu d’élaborer un plan généraliste peu pertinent.

L’autre volet fondamental, c’est la rentabilité du projet. Un investissement initial est souvent nécessaire, mais il est important que les gestionnaires comprennent que celui-ci mène à une baisse des coûts d’exploitation et à une meilleure efficacité. Avec ce raisonnement, il devient beaucoup plus simple de justifier une stratégie durable sur le long terme.

AS : Quelle est l’importance des données dans les décisions que prennent les parcs en matière de durabilité?

CA : Aujourd’hui, les gestionnaires disposent de nombreux outils pour rendre leurs opérations plus durables. Mais il est essentiel de se laisser guider par les données pour savoir où concentrer les efforts. Cela diffère pour chaque parc.

Tout commence par établir un point de départ, en dressant un portrait de la flotte actuelle. Vous avez peut-être déjà entendu l’expression : « On ne peut pas améliorer ce qu’on ne mesure pas. » C’est exactement ça. Un gestionnaire doit se poser les bonnes questions : quelle est la consommation globale de carburant, combien de kilomètres sont parcourus, quel est le temps passé à l’arrêt moteur tournant, les trajets sont-ils optimisés, les entretiens sont-ils bien planifiés?

Ces données sont précieuses pour identifier les axes d’amélioration. Ensuite, il faut s’appuyer sur les outils numériques pour transformer ces constats en actions.

Prenons l’exemple du comportement des conducteurs. Si certains laissent tourner le moteur inutilement ou adoptent une conduite énergivore, on peut leur fournir des alertes ou des conseils en cabine, en lien avec les objectifs de durabilité.

Il faut aussi évaluer l’impact des mesures. Si vous mettez en place un programme pour améliorer la conduite, vous devez mesurer les résultats. S’ils sont positifs, tant mieux. Sinon, il faudra ajuster la stratégie. Tout repose sur l’exploitation intelligente des données.

AS : Que faut-il prendre en compte pour intégrer durablement la durabilité aux stratégies d’un parc, en tenant compte des coûts et de l’efficacité?

CA : Pour qu’un plan soit durable, il faut aligner les objectifs environnementaux avec ceux de l’efficacité opérationnelle. Mieux encore : intégrer la durabilité à d’autres priorités comme la productivité, l’optimisation ou la sécurité. Cela donne un plan d’ensemble plus cohérent.

Ensuite, il faut définir des cibles précises, mesurables, avec des indicateurs de performance concrets.

Par exemple, au lieu de viser une baisse globale de 20 % des émissions, un parc pourrait se fixer une réduction de 15 % du temps de ralenti d’ici le trimestre prochain, ou une augmentation progressive du taux d’électrification.

Ces actions concrètes favorisent l’intégration des objectifs dans le quotidien. Pour assurer la réussite à long terme, il faut aussi miser sur les gains rapides : des actions à fort impact immédiat, qui renforcent l’adhésion en interne.

Chez Geotab, nous recommandons souvent de commencer par un projet pilote ciblé. Ces projets permettent d’obtenir des résultats concrets, de tirer des enseignements, et d’adapter la stratégie avant de la déployer à plus grande échelle.

Sur le plan financier, il ne faut pas se limiter au retour sur investissement à court terme, mais tenir compte du coût total de possession. La stratégie doit générer de la valeur à long terme : économies, satisfaction des employés, image auprès des clients, résilience accrue… Ces éléments sont parfois difficiles à chiffrer, mais ils sont tout aussi importants.

Enfin, il faut embarquer toutes les parties prenantes. La durabilité ne peut pas être imposée par le haut ou venir d’un seul service : il faut une mobilisation collective.

AS : Comment les parcs peuvent-ils utiliser efficacement les données de télématique pour accéder facilement à l’information utile?

CA : Beaucoup pensent qu’il faut accumuler le plus de données possible. En réalité, ce n’est pas la quantité, mais la pertinence qui compte. Il faut que l’information soit transmise au bon moment, dans le bon format, à la bonne personne.

Selon leur rôle, les membres de l’organisation n’auront pas besoin des mêmes informations. Un PDG ou un directeur développement durable cherchera une vue d’ensemble, tandis qu’un opérateur sur le terrain aura besoin de données précises en temps réel.

Mais la base est la même : données de géolocalisation, données temporelles, données financières…

Ces données peuvent être présentées sous forme de tableaux de bord, d’alertes ou intégrées à d’autres outils comme les logiciels de gestion des cartes carburant, afin de tout regrouper dans une interface unique.

Une tendance intéressante, c’est la simplification de l’accès à ces données : plus besoin d’être analyste pour comprendre les enjeux.

Des outils comme Geotab Ace rendent cela plus accessible. Il suffit de poser une question, et la plateforme vous fournit une réponse adaptée à l’état réel de votre parc. Cela réduit la complexité, automatise certaines tâches et accélère les décisions.

AS : Avez-vous des exemples concrets où l’approche durable de Geotab a permis à des clients d’obtenir des résultats probants?

CA : Absolument. Globalement, nos clients ont amélioré leur efficacité énergétique de 2,6 % entre 2023 et 2024. Cela peut sembler modeste, mais en volume de carburant économisé, c’est énorme, et les réductions d’émissions qui en découlent aussi.

Si l’on compare les clients utilisant nos solutions de durabilité à ceux qui ne les utilisent pas, les premiers sont en moyenne 6,3 % plus efficaces.

Prenons le cas de California Freight : ils ne se rendaient pas compte de l’impact du temps de ralenti sur leur consommation.

En ciblant ce problème, ils ont réduit leurs coûts liés au ralenti de 59 %, soit une économie d’environ 60 000 $ par mois. Cela a été rendu possible grâce à l’ajout d’unités auxiliaires, à de nouvelles formations, et à des rapports automatisés pour suivre les progrès.

Autre exemple : DB Regio, un exploitant de bus en Allemagne. Grâce à une meilleure planification des trajets, une conduite plus efficiente et une maintenance stratégique, ils ont réduit leurs émissions de 1 400 tonnes et économisé des milliers de litres de carburant.

AS : Avec l’évolution du contexte économique et logistique, quels conseils donneriez-vous aux parcs qui souhaitent utiliser les données pour améliorer leur durabilité?

CA : Pour ceux qui commencent, cela peut sembler complexe. Mon premier conseil : établissez une base. Si vous ne collectez pas encore de données, commencez par là. Mettez en place un suivi GPS, relevez la consommation de carburant, les habitudes d’utilisation… puis progressez.

Une fois les données en main, identifiez les points faibles, et lancez un projet pilote.

Visez des premières réussites avant de passer à l’échelle.

Le plus important, c’est de faire en sorte que l’analyse de données devienne une habitude. Il faut savoir qui prend les décisions, comprendre ce dont ces personnes ont besoin, et associer des indicateurs clairs à ces décisions.

Cela permet d’aligner les objectifs environnementaux avec des actions mesurables, et de bâtir une culture d’entreprise fondée sur les données.

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