Branché au boulot, branché chez soi : la réussite passe d’abord par une stratégie bien pensée

L’électrification des flottes continue sa progression. Cependant, elle soulève de nombreuses questions tant sur le plan technique que monétaire lorsque vient le temps de s’assurer que les employés peuvent recharger leur véhicule de travail à domicile. Les enjeux liés à la recharge ne sont pas qu’électriques. Ils sont aussi organisationnels. Quel type de borne choisir ? Doit-elle être dotée d’un protocole ouvert ou fermé ? Qui procède à l’installation ? Comment calculer et rembourser l’énergie utilisée ? Faut-il qu’elle génère des revenus ?
Ces questions, BEQ Technology les entend tous les jours. Ce fournisseur spécialisé dans les bornes de recharge accompagne les entreprises depuis 2018. Son approche est simple : une offre clé en main, de l’analyse des besoins au service après-vente, en passant par la sélection, l’installation et l’entretien du produit ainsi que des logiciels de gestion.
Mais si la compagnie vend la tranquillité d’esprit, cette dernière a un prix. Et ce prix varie selon la croissance anticipée, les exigences, de même que la complexité de l’infrastructure et les limites énergétiques du bâtiment qui accueillera la future source d’électrons. « Il faut penser aux contrôleurs de charge, aux pics de consommation. Sinon, la facture risque de grimper rapidement », souligne Éliot Mathieu-Proteau, responsable des affaires juridiques et des partenariats stratégiques. Les bornes connectées permettent de réguler ces charges, de bloquer ou de réduire l’accès à certains moments, et même de prioriser des usagers afin d’éviter les appels de puissance coûteux.
Toutefois, avant d’établir son pronostic, l’équipe de BEQ Technology pose de nombreuses questions à son client pour bien connaître ses besoins actuels et futurs, explique Yannick Lemelin, coordonnateur du service à la clientèle. « On s’assure qu’il comprend bien chaque partie parce que parfois, on ne peut pas toujours revenir en arrière sans devoir débourser des sommes astronomiques. »
Le rôle de BEQ Technology consiste justement à simplifier ce processus. « Chaque lieu est différent. On regarde l’entrée électrique et l’emplacement du stationnement afin de proposer une solution adaptée », indique M. Mathieu-Proteau. La gamme de produits compte des modèles intelligents, compatibles avec des logiciels de gestion avancés, capables de contrôler l’accès, de mesurer la consommation et même de limiter la puissance de recharge lors des périodes de pointe.
Penser à long terme
Mais le secret d’une mise en place réussie réside dans la planification. BEQ Technology recommande aux entreprises de penser à long terme. Combien de véhicules seront ajoutés dans les prochaines années ? L’infrastructure pourra-t-elle suivre ? Faut-il préparer le terrain pour dix bornes, même si les besoins actuels n’en requièrent que deux ? « Une borne mal choisie aujourd’hui peut coûter cher demain si on doit tout recommencer », prévient M. Mathieu-Proteau.
Du côté d’Énergir, la recharge à domicile n’est pas un service à vendre, mais une nécessité à gérer. L’entreprise a lancé un vaste chantier d’électrification de sa flotte, avec l’objectif de convertir 100 % de son parc de véhicules légers d’ici 2030. Le projet, démarré en 2023, compte jusqu’à présent près de 150 véhicules légers, sur un objectif total de 600.
La majorité d’entre eux sont des Ford E-Transit. Et dans le modèle d’affaires d’Énergir, ces véhicules prennent le chemin de la maison avec leur conducteur après chaque quart de travail. Une flotte électrifiée bien gérée peut générer de grandes économies. Mais dès que la recharge sort du cadre professionnel, sa gestion devient plus complexe.
Les premiers candidats à profiter d’une fourgonnette électrique lettrée ont d’abord été ciblés à partir de leur profil d’utilisation quotidien, souligne Julien Dolléans, directeur des projets pour les parcs de véhicules et les immeubles. « Ensuite, on vérifiait si l’installation d’une borne à domicile à un coût raisonnable était possible. Pour être admissibles, les postulants devaient également être propriétaires et avoir un stationnement privé », ajoute celui qui pilote le programme.
Chaque aménagement potentiel est précédé d’un appel, suivi d’une visite technique des lieux pour éviter toute mauvaise surprise. « On avait plus de demandes que de véhicules », note M. Dolléans. « On pouvait donc se permettre de passer au prochain technicien ou technicienne si jamais il y avait des enjeux du point de vue de l’infrastructure ou de l’installation. »
Une nouvelle technologie de bornes
Pour la première phase de son plan d’électrification, Énergir a eu recours à des bornes de niveau 2 non connectées de 40 ampères. Aujourd’hui, l’entreprise s’apprête à déployer un nouveau standard avec des modèles de 48 ampères, fabriqués au Québec, qui offrent toujours un excellent rapport qualité-prix. « Ces bornes sont connectées, mais on ne se sert pas de cette fonctionnalité pour extraire les données de consommation. L’utilisateur peut toutefois choisir de profiter de l’application s’il le désire. »
Énergir se démarque par son procédé de remboursement d’électricité. Ici, point de relevé manuel ou de calcul compliqué, tout passe par la télémétrie. « Tous nos véhicules sont munis de télémétrie. Elle mesure l’ensemble de la consommation énergétique qui entre dans le véhicule et transfère les données vers notre système d’exploitation maison qui gère le tout de façon confidentielle. »
Grâce au géorepérage, chaque recharge réalisée dans le périmètre virtuel autour de l’adresse d’un employé est automatiquement détectée. Le remboursement s’effectue directement sur la paie, sur une base hebdomadaire, selon les tarifs établis par Hydro-Québec. La méthode inclut même un facteur additionnel pour compenser la faible quantité d’énergie perdue dans la borne et le câblage.
Chez Énergir comme chez BEQ Technology, une chose est claire : la technologie évolue rapidement, et les pratiques doivent suivre. « Est-ce que la borne de niveau 2 à la maison sera encore la solution dans cinq ans ? On ne sait pas », admet M. Dolléans.
Il évoque l’arrivée de batteries plus grosses, de nouvelles chimies, et de bornes ultras rapides capables de remettre à flot un véhicule en quelques minutes. Les deux organisations surveillent attentivement les avancées, tout en demeurant ancrées dans les réalités actuelles du terrain.
Pour l’instant, la recharge à domicile s’impose comme une pièce incontournable dans le casse-tête de l’électrification. Elle exige des choix éclairés, une gestion précise et, surtout, une bonne dose d’anticipation. Peu importe qu’il s’agisse d’un fournisseur de services ou d’une entreprise d’État, tous s’entendent sur une chose : sans plan solide, les meilleures intentions restent… hors circuit.